mercredi 28 janvier 2015

De l'abolition ou de l'émancipation de la prostitution ou le dilemme du respect de la dignité et de la liberté en matière de sexualité



A partir d'un article sur le livre de Mr Lilian Mathieu intitulé « la fin du Tapin : sociologie  de la croisade pour l'abolition de la prostitution » et d'une analyse de Mme Clyde Plumauzille concernant ce livre pour lequel elle y voit un rempart contre l'émancipation de la prostitution et surtout des prostituées elles-mêmes qui en font leur métier source d'économie ; je me permets à mon tour d'y apporter ma petite réflexion.
La prostitution est le fait de livrer son corps  aux plaisirs sexuels  d'autrui pour de l'argent et d'en faire son métier. Plus vieux métier du monde, la prostitution ne se limite pas qu'aux prostituées donc aux femmes et à celles qui sont sur le trottoir ou dans les maisons closes, mais à toute personne sans condition d'âge, de sexe, de situation sociale qui livrerait son corps aux plaisirs sexuels d'autrui pour de l'argent ou tout autre chose donc contre rétribution. Que cet acte soit de gré ou de force. Par voie de conséquence, cela concerne tant les femmes que les hommes, mais également les enfants. Et cette prostitution se retrouve donc également aussi dans la pornographie par extension, surtout quand l'être n'est que simple marchandise de consommation pour le plaisir d'autrui (qui ici n'est que simple spectateur/spectatrice et non acteur/actrice) et contre de l'argent.
Le marché du sexe est un des plus importants marchés florissants et engrangeant des sommes colossales qui repose sur notre sexualité et notre satisfaction en la matière par le principe addictif, de récompense et de jouissance. Il touche donc tout le monde sans condition car nous sommes toutes et tous sexué(e)s et nous avons toutes et tous des besoins à satisfaire en la matière. De part la diversité des comportements et des besoins humains en la matière, certaines personnes y ont vu un filon non négligeable depuis que l'homme et homme. La sexualité a été détournée de ses fonctions premières (procréation et relations intimes ou d'amour) en devenant un moyen de consommation et de capitalisation, en s'appuyant sur la dynamique première de la sexualité : l'addiction. Car la sexualité est une addiction naturelle qui nous pousse à la répéter autant de fois que cela le permet par le principe de récompense (la jouissance). Sans cela les êtres ne s'uniraient pas physiquement et ne se reproduiraient pas. Eh oui ! Les Hommes n'ont rien inventé en matière d'addiction, de plaisir et d'entretien du besoin en la matière, Dame Nature y avait déjà pensé avant !
Donc le plaisir et l'addiction de surcroît sont le moteur premier, comme toute addiction, qu'utilisent et entretiennent toutes ces personnes qui font du sexe une économie et donc une forme de prostitution, car personne n'échappe à sa condition humaine ni aux plaisirs humains. Quand bien même, et fort heureusement, il faut souligner que certaines et certains savent satisfaire leur sexualité intelligemment, avec bon sens et pragmatisme, sans négliger les plaisirs substantiels et dans le souci d'une véritable relation.
Ainsi donc est apparue cette sexualité dévoyée et détournée par le marché du sexe. Car comme la faim, la soif, le sommeil, la respiration, etc., la sexualité est un besoin à satisfaire comme principe de procréation en premier lieu, mais surtout de bien être psychique et physique. Certaines personnes l'ont bien compris en s'appuyant sur cela, son aspect addictif et la diversité des comportements et de la satisfaction des besoins en la matière. Je ne vais pas faire ici l'éventail des pratiques et modes de sexualité car ce n'est pas le sujet et cela serait trop long et non exhaustif, mais cela a permis au marché du sexe et de la prostitution entre autre de se développer et de développer un véritable business.
Aussi la « fin du Tapin » est une utopie même par l'abolition, quand bien même cela serait l'idéal par souci de respect des corps et des âmes donc des personnes dans leur dignité et humanité. Car on ne pourra jamais empêcher la sexualité, partie intégrante de notre nature humaine, d'être vécue même de cette manière. Les addictions  artificielles comme l'alcool, la drogue ou tout autre chose qui sont des produits de consommation qui altèrent l'être par leurs principes actifs et par leur consommation répétitive et excessive, n'ont jamais empêché les personnes de consommer en dépit des lois, des principes ou de l'abolition. (Cf. la prohibition aux Etats-Unis dans les années 20). Quant à l'émancipation par principe de liberté, elle risque d'ouvrir la brèche aux profiteurs de la misère humaine qui entraîneront dans les chemins sordides et glauques de la prostitution, les personnes qui ne le désireront pas et qui seront soumises à la dure loi du marché de l'offre et de la demande sous couvert de la liberté du corps, de la sexualité et d'en disposer librement en actes. Véritable dilemme du respect de la dignité des personnes et de leur liberté. Véritable casse-tête tant est la complexité du sujet et des sujets en la matière.
Toutefois, dans la prostitution (comme dans toute chose qui tourne autour du marché du sexe et autre), il faut distinguer  2 cas de figures :
- les personnes consentantes (prostitution par choix, par liberté, comme métier à part entière).
- les personnes sous emprise (prostitution par nécessité (précarité, pauvreté, etc.) et par contrainte (souteneur, réseaux mafieux, maisons closes, etc.)).

Dans un, cas la prostitution est choisie et délibérée donc libre. Dans l'autre cas, elle est imposée à la personne sous la contrainte, la privation de liberté, les menaces, l'alcoolisation et la drogue, bref par le maintien d'un état qui ne laisse aucune chance à la personne de pouvoir entrevoir autre chose que de se prostituer si elle veut rester en vie et préserver cette pseudo liberté contrainte et forcée. Un engrenage qui conduira inéluctablement la personne à sa propre déchéance et déshumanisation en permettant à certaines personnes d'en tirer un plaisir égoïste et animal et à d'autres de s'enrichir au détriment de celle-ci, de sa dignité, de sa pleine humanité et de la possibilité de vivre et construire sa vie.

La prostitution comme toute chose qui tourne autour du marché du sexe ou autre, repose sur le principe de l'offre et de la demande (l'offre n'existe que si la demande est effective) et du profit à en tirer (aspect financier). La sexualité étant une dynamique de la nature humaine et addictive, la demande ne peut que susciter l'offre et la vénalité. Car pour obtenir ou satisfaire quelque chose, on applique comme dans toute société de consommation, le principe de rétribution ou de paiement. (Je t'offre mon corps (de gré ou de force) , tu satisfais ton besoin, mais en retour tu paies !). Ainsi, se met en place le cycle infernal de la « marchandisation » des corps (de gré ou de force) comme principe de rentabilisation et de capitalisation au détriment du respect des personnes, de leur intégrité (physique et psychique) et de leur dignité (surtout celles qui sont contraintes et forcées) pour la satisfaction d'un besoin, somme tout naturel, mais dévoyé, détourné et rétribué !

Alors, je ne me pose ni en abolitionniste, ni en émancipateur de la prostitution, mais en être humain doté du bons sens et de l'intelligence, reconnaissant la complexité de la dynamique sexuelle et de la manière de la vivre tant elle dépend de facteurs multiples et diversifiés, qui voudrait exprimer que chacune et chacun est libre de vivre sa sexualité telle qu'il ou elle le souhaite, à partir du moment où cette sexualité est vécue naturellement, humainement et librement, avec et dans le respect de l'autre qui doit être considéré(e) comme une personne et non un objet ou une marchandise.
Aussi, je suis pour lutter contre le marché du sexe et la prostitution lorsque sa finalité est la marchandisation des corps et la destruction de l'être donc de la et de sa vie pour des principes vénaux de satisfaction et de profits financiers à son détriment. Mais je ne m'oppose pas à la liberté de chacune et chacun de vivre cette situation, si c'est volontaire, délibéré, libre et consentie. À chacune et chacun de faire et d'assumer ses choix en toute liberté, éclairée toutefois. Et à toute à chacune et tout à chacun de lutter contre le fléaux du marché du sexe et de la prostitution lorsque celui-ci dénature la nature humaine, et l'être par conséquent, dans son intégrité (physique et psychique), sa dignité, sa liberté et surtout sa possibilité à pouvoir vivre et construire une vie humainement, librement et dignement.

La prostitution est l'affaire de toutes et tous. Elle est de la responsabilité individuelle et collective à ne pas entretenir l'offre et surtout la demande, quand la finalité est le non respect de l'humain qui n'est plus qu'un simple objet de consommation  et de profit à son détriment ! Mais ni l'abolition, ni l'émancipation ne résoudront le problème de fond des exploiteurs de la misère humaine  (et de la prostitution entre autre) dans toute sa diversité en s'appuyant sur les contingences humaines et matérielles. C'est un comportement responsable de toute à chacune et tout à chacun à savoir respecter son semblable et son prochain dans sa pleine intégrité, liberté et dignité.


Écrit et Posté le 28 Janvier 2015.


Mr Franck Delaby




The Earth / The Heart

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